GRECQUES CONTEMPORAINES (POPULATIONS)

GRECQUES CONTEMPORAINES (POPULATIONS)
GRECQUES CONTEMPORAINES (POPULATIONS)

GRECQUES CONTEMPORAINES POPULATIONS

Le terme «Grecs» était donné par les Occidentaux depuis la fin du Moyen Âge aux adeptes du «rite grec» de l’Église orthodoxe. Ce terme s’appliquait surtout à la population citadine grécophone de la région égéenne qui ne cessait de fonder des communautés en Anatolie, en Afrique du Nord et en Italie. Ces Grecs émigrèrent en plus grand nombre à partir du XIVe et du XVe siècle pour fuir le «joug ottoman»; c’était, d’une part, une petit nombre de Grecs instruits qui s’enfuirent en Europe occidentale et en Russie au lendemain de la prise de Constantinople (1453) et, d’autre part, des tribus albanaises et maniotes du Péloponnèse, compromises avec les Vénitiens dans leur lutte contre les Ottomans, qui partirent en Italie du Sud, en Sicile et en Corse (Cargèse).

À partir du XVIIe siècle, l’Église orthodoxe fit, avec l’assentiment du pouvoir ottoman, un grand effort de grécisation de tous les peuples des Balkans et d’Anatolie imprégnés de civilisation byzantine (Romania) et se donnant volontiers le nom de «Roméi» ou de «Romani» (Romains). Ainsi une grande masse de nouveaux Grecs, les Sarakatsans du Centre et du Sud balkaniques, renforça les anciens courants d’émigration des Grecs citadins et en créa de nouveaux, abandonnant rapidement le nom de Roméi pour adopter celui d’«Hellènes» (XVIIIe s.) et renforçant les restes de toutes les anciennes colonies grecques de la Méditerranée et de la mer Noire; ils pénétrèrent dans les villes et bourgs propres au négoce jusqu’au-delà du Danube, puis s’installèrent dans les grandes villes de l’Europe centrale et de l’Europe occidentale et suivirent les traces des colons occidentaux en Asie, en Afrique et aux Amériques. Des communautés grecques, dont l’origine ethnique (albanaise, sarakatsane, slave, moldovalaque ou anatolienne) est difficile à discerner, sont établies dès la fin du XVIIIe siècle au Siam, aux Indes (Calcutta, Dacca, Bombay, Karachi...) et, dès le milieu du XVIIIe siècle, en Iran, en Mésopotamie, en Arabie, en Éthiopie, dans toutes les villes d’Égypte, au Soudan et ailleurs en Afrique. En 1767 commence l’émigration de Péloponnésiens et de Corses vers l’Amérique (Floride). La Russie profite de ce mouvement migratoire pour repeupler l’Ukraine et éliminer les nomades, alliés de l’empire ottoman. Une importante population grecque essentiellement albanophone, venant de Constantinople, de Smyrne et de toutes les grandes villes des Balkans et de l’Archipel, fit d’Odessa, fondée en 1794, le plus grand port de la mer Noire. Au XIXe siècle, les mêmes albanophones, des Albanais d’Albanie et des Sarakatsans, aidèrent Mohamed Ali à faire d’Alexandrie un des grands ports de la Méditerranée.

La fondation de l’État grec (1927) entraîna l’émigration vers l’Amérique de populations rurales grecques attachées à leur mode de vie tribal et refusant l’intégration forcée au nouveau pouvoir central. Tout au long du XIXe siècle, le mythe de la fortune facilement amassée attira ces populations dont l’économie fermée était déséquilibrée par une économie marchande de plus en plus envahissante. Ainsi, à la veille des guerres balkaniques, il y avait, outre les 3 millions de Grecs de Grèce, 5 millions de Grecs (orthodoxes de rite grec) en Turquie balkanique et en Turquie anatolienne, 400 000 en Russie, 100 000 en Roumanie et en Bulgarie, 200 000 en Égypte et dans l’Afrique en général, et 200 000 en Amérique. Après la Première Guerre mondiale, l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie (1922) entraîna une nouvelle vague d’émigrants, incapables de s’adapter aux conditions de vie en Grèce, en Europe occidentale (Paris, Marseille), en Égypte, au Brésil, en Australie, au Canada et aux États-Unis. Les communautés des États-Unis, notamment celles de New York, de Chicago, et de San Francisco, acquirent entre les deux guerres une force économique et un poids politique qui orientèrent considérablement la vie politique de la Grèce après la Seconde Guerre mondiale. À la suite de la guerre civile (de 1945 à 1949), 12 000 réfugiés politiques grecs furent accueillis par les pays de l’Est (Tchécoslovaquie, Pologne, Allemagne de l’Est, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, U.R.S.S.).

À la fin des années 1950, l’émigration grecque changeait de direction et de nature. Une faible mécanisation de l’agriculture, la paupérisation des paysans, l’exode rural apportèrent sur le marché du travail une masse considérable de main-d’œuvre qui ne pouvait être absorbée ni par l’industrie grecque ni par les centres traditionnels d’émigration transatlantique. Ainsi, à partir de 1960, les Grecs émigrèrent vers les pays du Marché commun, Allemagne fédérale principalement. Depuis 1970, l’émigration a diminué et on assiste même à des retours au pays.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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